Atelier de réflexion sur la problématique de la discrimination liée au VIH /Sida en milieu de soins
Allocution du Coordonnateur résident de l'ONU lors d'un atelier de réflexion sur la problématique de la discrimination liée au VIH /Sida en milieu de soins.
Monsieur le Directeur Général de la Prévention et de la Promotion de la Santé
Monsieur le Président Du CCM Algérie
Monsieur le Président du Conseil National des Droits de l’Homme
Mesdames et Messieurs les membres du comité national de prévention et de lutte contre les IST/SIDA
Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile
Mesdames et Messieurs les professionnels de la santé
Mesdames et Messieurs les représentants des médias
Chers collègues des agences des Nations Unies
Mesdames et Messieurs,
Je suis honoré d’être parmi vous aujourd’hui afin de participer au nom des agences des Nations Unies coparraines du programme commun des nations unies sur le SIDA (ONUSIDA) en Algérie à cet atelier de réflexion sur la problématique de la discrimination liée au VIH /Sida en milieu de soins
Les entités des Nations Unies se rappellent qu'un principe fondamental du Programme de développement durable à l’horizon 2030 consiste à « veiller à ce que personne ne soit laissée pour compte » et à « donner la priorité aux plus marginalisés ».
Reconnaissant que la discrimination dans les milieux de soins de santé constitue un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), les organismes des Nations Unies ont pris la résolution de travailler ensemble pour aider les États Membres à prendre des mesures multisectorielles coordonnées afin d'éradiquer la discrimination dans les milieux de soins de santé.
La discrimination dans les milieux de soins de santé s'adresse à certaines des populations les plus marginalisées et les plus stigmatisées ; les mêmes populations que les États ont promis de prioriser dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et qui sont trop souvent exclues ou laissées pour compte.
Beaucoup de personnes et de groupes sont victimes de discrimination fondée sur leur âge, leur sexe, leur race ou leur appartenance ethnique, leur état de santé, leur handicap ou leur vulnérabilité sur le plan de la santé, leur nationalité, leur statut d’exilé ou de migrant. Ces personnes ou groupes éprouvent souvent des formes transversales ou combinées de discrimination.
La discrimination dans les milieux de soins de santé prend de nombreuses formes et se manifeste souvent lorsqu'une personne ou un groupe se voit refuser l'accès aux services de santé qui sont pourtant disponibles pour les autres.
Les exemples sont entre autres la violence physique ou verbale ou quelque autre forme de pression à l’encontre des personnes ou groupes spécifiques, un traitement obligatoire ; des violations de la confidentialité et / ou du déni de prise de décision autonome, telles que l'obligation de consentement au traitement par les parents, les conjoints ou les tuteurs ; et le manque de consentement libre et éclairé.
S'attaquer à la discrimination dans les milieux de soins de santé contribuera à la réalisation de plusieurs des Objectifs de développement durable (ODD), en veillant à ce que personne ne soit laissée pour compte.
Il est fondamental de garantir les progrès vers l’atteinte de l’ODD 3, une bonne santé et le bien-être, notamment la réalisation de la couverture sanitaire universelle et l'éradication des épidémies de SIDA et de tuberculose ; de l’ODD 4, l'éducation de qualité ; de l’ODD 5, l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ; de l’ODD 8, le travail décent et la croissance économique inclusive ; de l’ODD 10, la réduction des inégalités ; et de l’ODD 6, le renforcement de la paix, de la justice et des institutions.
Des études sur la stigmatisation, la discrimination et les comportements positifs en matière de santé montrent que les personnes vivant avec le VIH qui perçoivent des niveaux élevés de stigmatisation liée au VIH sont 2,4 fois plus susceptibles de retarder leur inscription à des programmes de soin jusqu'à ce qu'elles soient très malades.
Dans huit pays pour lesquels des données sont disponibles, plus d'un quart des personnes vivant avec le VIH ont déclaré ne pas s'être rendues dans une clinique locale au cours des 12 derniers mois en raison de leur statut VIH.
De telles craintes découragent également le recours à des services de prévention et de dépistage. Par exemple, la peur de la stigmatisation et de la discrimination pouvant découler d'un test VIH positif et de la divulgation de ce résultat à d'autres, soit par auto-révélation soit autrement, a été identifiée comme un facteur dissuasif du dépistage du VIH dans différents milieux.
En 2015, la communauté mondiale s'est engagée à mettre fin à l'épidémie de sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030 dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030. C'est un objectif ambitieux mais réalisable. Le développement des services les plus efficaces pour prévenir l'infection à VIH et traiter les personnes vivant avec le VIH a déjà entraîné, au niveau mondial, une baisse de 32 % des décès liés au sida et une baisse de 16 % des nouvelles infections à VIH entre 2010 et 2018.
L’Algérie dispose d’un arsenal législatif et juridique conséquent qui protège les droits humains en garantissant notamment des soins sans discrimination avec une prise en charge de qualité et le droit à une vie décente, comme le témoigne la nouvelle loi sur la santé de 2018.
Toutefois des situations de stigmatisation et de discrimination continuent à être signalées dans la famille et en milieu de soins, comme il est rapporté dans les différents rapports et études nationaux.
L’Algérie s’est engagée à mettre fin au SIDA d’ici à 2030 à travers la mise en œuvre de sa stratégie nationale dont un des fondements est la garantie de la protection des droits des PVIH et leurs familles dans le cadre du droit commun et des conventions internationales ratifiées par l’Algérie dans le cadre d’une lutte efficace contre la stigmatisation et la discrimination.
Les réseaux et organisations de personnes vivant avec le VIH ont travaillé avec des partenaires locaux, nationaux et internationaux pour renforcer leurs capacités et leur coordination, autonomiser les personnes vivant avec le VIH, sensibiliser les professionnels de la santé et contribuer au développement de lois, politiques et programmes axés sur la réduction de la discrimination et le renforcement de l'accès aux services clés.
Du côté du Système des Nations Unies, les différentes agences onusiennes sont impliquées conjointement pour appuyer la riposte nationale. En effet, la riposte multisectorielle au VIH/sida a été retenue comme priorité dans le cadre de coopération stratégique entre les Nations Unies et le gouvernement Algérien et c’est l’ONUSIDA qui coordonne le programme commun des agences des Nations Unies sur le VIH/Sida.
Les recommandations de cet atelier permettront aux parties prenantes y compris le Conseil National de Droits de l’Homme, la société civile et les bénéficiaires des services de santé liés au VIH, de développer une stratégie novatrice en matière des droits humains et VIH/sida, qui contribuera certainement à concrétiser l’objectif Zéro Discrimination.
A cet effet, je voudrais réaffirmer l’engagement des Nations unies à travers le programme conjoint sur le VIH/sida à fournir l’appui technique nécessaire pour la réalisation de cette action prioritaire et accompagner les partenaires nationaux à mettre en application des différents textes réglementaires et de développer d’un environnement favorable pour un accès universel à tous aux services de santé.
Avant de conclure, je souhaiterai rendre hommage à :
- L’engagement durable du plus haut niveau des autorités nationales dans la riposte au SIDA ;
- L’effort continu fourni par le Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière, les différents secteurs institutionnels, et le secteur privé ;
- Sans oublier l’engagement et la solidarité des organisations de la société civile pour atteindre les populations les plus exposées au risque et les plus vulnérables au VIH ;
- Et bien sûr le courage et la persévérance du combat quotidien des personnes vivant avec le VIH.
Je salue à nouveau la détermination continue et réelle de tous ces acteurs pour un monde sans sida d’ici 2030 et réitère mes remerciements au Gouvernement algérien pour l’organisation de cet atelier.
Merci à tous