Monsieur le Ministre des Moudjahidines et des Ayants Droit, Mme la Ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la Femme, Mesdames les Moudhajidates, Mesdames et Messieurs,
C’est un grand honneur d’être parmi vous aujourd’hui à l’occasion de cette commémoration de la Journée internationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes.
La violence à l’égard des femmes et des filles constitue à la fois une cause et une conséquence de l’inégalité et de la discrimination entre les sexes.
Elle les empêche de participer pleinement à la société, entrainant des conséquences non seulement pour les victimes elles-mêmes, mais aussi pour leur famille, et toute la société.
Aussi choquant que cela puisse paraitre, au niveau mondial, toutes les 7 minutes une femme est victime de viol ou d’une tentative de viol. Chaque jour, en moyenne 137 femmes, meurent sous les coups d´un proche ou membre de leur famille.
Les rapports de différentes entités des Nations unies révèlent aussi très clairement et de manière convergente que la violence à l’égard des femmes et des filles à l’échelle mondiale a augmentée depuis la pandémie de COVID-19.
En effet, dans 13 pays, pratiquement une femme sur deux a déclaré qu’elle, ou une femme de son entourage, ont subi pour la première fois pendant la pandémie, des violences fondées sur le genre. Près d’un quart ont évoqué des conflits familiaux plus fréquents ou un sentiment d’insécurité grandissant au foyer.
Ces données nous invite à faire plus au regard de l´impact évident de la pandémie mondiale de la COVID-19 sur les acquis et progrès réalisés jusqu`alors contre toutes les formes de violences que subissent les femmes, parce que femmes.
En 1996, l’Algérie a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDAW). Depuis, le pays n´a pas cessé de renforcer son arsenal juridique et ses capacités opérationnelles pour prévenir et poursuivre les cas de violences faites aux femmes et filles et assurer une protection adéquate.
Le cadre légal progressiste de l’Algérie agit comme un véritable moteur pour les interventions de justice sociale visant la stabilité individuelle et familiale. On peut citer la pension mensuelle pour les orphelines, les veuves, les femmes handicapées et les personnes âgées, ou encore le droit ouvert à la femme divorcée d’obtenir une pension pour elle et pour ses enfants.
Malgré ces progrès sur le plan juridique, selon l’enquête MICS effectuée en 2019, une forte proportion de femmes algériennes (41.7%) estime encore qu’un mari a le droit de battre son épouse. Une plus grande acceptation du phénomène est constatée en zone rurale. La violence verbale est également un phénomène accepté par une majorité de femmes de 15 à 49 ans (64.6%).
Durant ces deux années de pandémie, l´utilisation des réseaux sociaux ont grandement progressés, en raison des mesures de confinement qui ont favorisés leur usage pour garder contact avec les amis, les proches. Malheureusement, ces mêmes réseaux sociaux sont employés aussi à des fins malveillantes, engendrant un risque accru de violences contre les femmes et les filles, qui souvent prennent la forme de harcèlement en ligne. Celles-ci n´ont rien de virtuelles et ont des conséquences désastreuses pour nombre de filles et de femmes.
C´est pourquoi, cette année, la campagne se focalise la violence numérique et toutes les formes de violence sexiste facilitées par la technologie. Il faut le dire, quelque 85 % des femmes dans le monde ont subi ou ont été témoins d'abus en ligne. Ce chiffre alarmant interpelle, nous interpelle tous, et appelle à l´action immédiate, urgente.
C´est d´ailleurs le thème 2021 de la campagne du Secrétaire Général Tous UNiS d'ici 2030 pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes : « Mettre fin à la violence contre les femmes maintenant ! ».
Cette campagne se traduit partout dans le monde par 16 jours d'activisme qui commencent aujourd’hui, le 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, et se termine le 10 décembre, Journée internationale des droits humains. Bien que la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes réclament l´attention de tous, chaque jour de l´année, ces 16 jours doivent servir à mettre en lumière les efforts accomplis, et les défis autour desquels nous devront nous unir pour mettre fin à ces violences. Chacun et chacune doit pouvoir se sentir en sécurité tant dans le monde physique comme dans le monde virtuel.
Nous le savons, les pays du monde entier se sont engagés à mettre fin à toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles d'ici 2030.
Pour ce faire, il est important d´appuyer la coordination entre les différents secteurs impliqués dans la lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence, et d’assurer l’égalité des genres dans la mise en œuvre des lois, politiques et programmes de l´Algérie.
Cette coordination multisectorielle est la clé pour une gestion efficace des cas de violence par l´ensemble des acteurs de la chaine pénale, tous les prestataires de services de protection et d’assistance aux victimes de violence sous toutes ses formes, y compris sexuelles.
C´est vers ces nobles objectifs que je me réjouis en tant que Coordonnateur Résident du SNU en Algérie, un projet conjoint de deux agences, FNUAP-UNODC, vient accompagner les efforts nationaux de sensibilisation de toutes les parties prenantes notamment en vue de renforcer la coordination multisectorielle et appuyer le développement d´un protocole impliquant chaque intervenant dans la prise en charge des victimes.
Le projet vise à soutenir les secteurs de la police judiciaire, de la justice, de la santé et la solidarité, dans leurs efforts de mise en œuvre d´un mécanisme de prise en charge standardisée des cas de violences faites aux femmes et aux filles, centrée sur la victime.
Ce projet, coordonné avec la partie Algérienne, est une opportunité dont les Nations unies sont fiers, d´appui concret à la stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles.
Prévenir et lutter contre les violences faites aux femmes c´est aussi la sensibilisation et la mobilisation communautaire, la réinsertion socioéconomique des femmes et la création d’une coalition pour le plaidoyer et le changement. L´équipe pays du SNU en Algérie est mobilisée et à votre entière disposition pour compléter l´offre d´appui actuel.
Ainsi, et pour conclure, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, je réitère devant vous la détermination des Nations Unies à soutenir les efforts de l’Algérie à mettre fin aux violences faites aux femmes partout, dans tous les espaces.
Je vous remercie.
Seul le texte prononcé fait foi