Les droits des femmes pour un avenir équitable et durable
Les Nations Unies en Algérie continueront à mettre les droits des femmes au cœur de leur partenariat avec l’Etat Algérien comme accélérateur de l’Agenda 2030.
Tribune du Coordonnateur résident du Système des Nations Unies en Algérie, Alejandro Alvarez, à l'occasion de la "Journée Jnternationale des Droits des Femmes".
Depuis mon arrivée en Algérie il y a quelques mois, je me suis progressivement imprégné de l’histoire complexe et fascinante de ce pays, et j’ai découvert l’admirable persévérance de sa population et sa volonté de toujours construire un avenir meilleur. En cette occasion de la journée internationale des droits des femmes, il m’est particulièrement important de m’adresser aux algériennes et aux algériens.
J’aimerais commencer par exprimer mon admiration aux femmes et aux jeunes filles algériennes, qui de tout temps, ont joué un rôle crucial dans le processus d’émancipation de la Nation algérienne et de son développement. Aujourd’hui, je voudrais unir ma voix à celle de toute la nation pour rendre hommage à ces femmes qui font l’Algérie.
A l’échelle mondiale, l’urgence climatique et la pandémie de COVID 19 nous ont montré les limites de nos modèles de croissance économique et ont mieux mis en évidence les défis auxquels le monde fait face pour concrétiser l’Agenda 2030 et atteindre les Objectifs de Développement Durable.
L’autonomie des femmes et l’égalité des genres sans lesquels il ne peut y avoir de progrès économique et social et environnemental sont au cœur de ces défis. Non seulement les femmes et les filles sont les premières impactées par les crises qu’elles soient d’ordre économiques, liées à une pandémie ou à l’impact du changement climatique, mais elles sont aussi des acteurs de changement et de solutions aux effets multiplicateurs.
En Algérie, comme ailleurs, il n’est pas étonnant de constater les grands sacrifices des femmes face à la pandémie de COVID-19 en tant que médecin, infirmière, agent de santé publique et travailleuse sociale, ou encore comme mère de famille. Nous retrouvons une fois encore les femmes algériennes qui répondent toujours présentes dans les moments les plus critiques et qui assument toujours davantage de tâches non rémunérées, particulièrement durant les périodes de confinement.
Depuis son indépendance, l’Algérie a réalisé des progrès très importants en faveur des droits des femmes, notamment la scolarisation des filles.
En 2019, le taux de scolarisation au cycle primaire, était de 97,13%[i], sans écart significatif entre les sexes. La proportion de femmes diplômées est aussi importante en Algérie puisqu’elles représentent plus de 60%[ii] des diplômés des universités et le taux de femmes ingénieurs est supérieur à celui de certains pays développés[iii]. Ceci représente un réel avantage comparatif pour le pays dont il faut tirer profit. En dépit de ces résultats, les femmes algériennes restent minoritaires sur le marché du travail. Des défis persistent également en matière de représentation des femmes dans les assemblées élues ainsi qu’en matière d’accès aux postes et fonctions de responsabilité. Le chômage touche 20,4% des femmes en 2019 contre 9% des hommes[iv].
Des mesures en faveur de l’autonomisation des femmes ont été prises et la volonté d’entreprendre des femmes algériennes n’est plus à démontrer (Entre 2019 et 2021, 64% des crédits de l’Agence Nationale de Gestion du Micro-crédit (ANGEM) ont été octroyés à des femmes, contribuant à la création de plus de 97 000 emplois)[v]. Une plus grande adhésion des femmes aux mécanismes d’autonomisation aura certainement un effet d’entrainement et va libérer des énergies et créer des emplois.
Il s’agit également pour l’Algérie de relever le défi de la promotion de valeurs non-discriminatoires et inclusives pour l’égalité des chances à travers notamment l’élimination des violences basées sur le genre (41,7% des femmes âgées de 15 à 49 ans justifient la violence physique d’un mari envers se femmes et 64,6% justifient une violence verbale)[vi]. J’aimerais, en cette occasion, rappeler que les violences basées sur le genre constituent l’une des violations des droits humains les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le monde. L’Algérie a pris d’importantes mesures juridiques pour renforcer la reconnaissance et la criminalisation de ces violences néanmoins les textes de lois rencontrent des difficultés au moment de leur mise en œuvre.
Le Secrétaire General des Nations Unies, M. António Guterres, dans son message adressé pour l’occasion, plaide pour un élargissement des opportunités pour les femmes et les filles afin de « faire gagner toute l’humanité ». Les Nations Unies fondent toute intervention sur le respect indéfectible des droits des personnes qui en ont moins accès.
Les Nations Unies en Algérie continueront à mettre les droits des femmes au cœur de leur partenariat avec l’Etat Algérien comme accélérateur de l’Agenda 2030 pour le développement durable.
Je saisis cette opportunité pour lancer un appel à tous les acteurs nationaux, à tous les niveaux, ainsi qu’à la société civile afin d’unir nos forces pour élargir le champ des opportunités offertes aux femmes et aux filles algériennes, ce qui constitue une condition essentielle d’un avenir commun équitable et durable.
[i] MICS 6
[ii] https://www.aps.dz/sante-science-technologie/74491-hadjar-presente-a-pa…
[iii] “Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive ». Rapport de l’UNESCO sur la science 2021.
[iv] Activité, emploi & chômage. ONS, Mai 2019.
[v] Site web: angem.dz
[vi] MICS 6