L’écho des femmes sahraouies : Histoires de courage dans les camps de réfugiés sahraouis
19 décembre 2024
Dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, Azza et Jamila illustrent le courage et la résilience face à des défis extrêmes.
Dans les vastes étendues arides de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie, vivent des dizaines de milliers de Sahraouis. Depuis 1975, ces réfugiés survivent dans des camps, loin de leurs terres natales, confrontés à des conditions extrêmes mais portés par une force et une résilience incroyables. Parmi eux, deux femmes remarquables, Azza et Jamila, incarnent l’espoir et la détermination.
Azza, la jeunesse et la volonté de changement
Azza Mebarek a 24 ans. Née et élevée dans les camps de réfugiés, elle porte dans ses yeux la mémoire d’une jeunesse marquée par l’incertitude mais éclairée par un rêve de dignité. « Nous, Sahraouis, sommes un peuple qui aime vivre, qui aspire à une vie digne. Mais la vie de réfugié n’est pas celle que nous souhaitons », confie-t-elle.
À l’âge de 18 ans, Azza a cofondé une association caritative, « Badhrat El Khayr », avec ses amies. Leur mission : Apporter un soutien essentiel aux familles les plus vulnérables des camps. Qu’il s’agisse de distribuer des vêtements, des couches ou du lait pour bébé, ou encore de récolter des fonds pour des soins médicaux à l’étranger, Azza se dévoue corps et âme à sa communauté.
Malgré des ressources limitées, elle reste convaincue de l’importance du travail collectif : « Une main seule ne peut applaudir. Pour réaliser nos rêves, il faut s’entraider », résume-t-elle avec sagesse. Son ambition est de trouver des partenaires et des sponsors pour pérenniser les actions de l’association.
Jamila, la sage-femme des dunes
Jamila Shelh, 34 ans, est une figure respectée du camp de Smara. Sage-femme depuis 2017, elle incarne l’engagement des femmes sahraouies dans le domaine de la santé. Inspirée par sa maman, qui était elle aussi sage-femme, Jamila a fait de la prise en charge des femmes et des enfants sa vocation.
Dans le dispensaire où elle travaille, les journées sont bien remplies : suivi des grossesses, soins aux enfants en bas âge, vaccinations et visites à domicile après les accouchements. « Nous manquons cruellement de ressources, surtout de médicaments et de matériel médical. Les enfants souffrant de malnutrition et les femmes enceintes atteintes d’anémie sont nombreux », explique-t-elle avec gravité.
Pourtant, au milieu des difficultés, Jamila trouve la force dans la solidarité et l’unité de sa communauté. « Les femmes sahraouies sont des guerrières. Elles ont tout construit à partir de rien. »
Le soutien humanitaire : Un lien vital
Les variations des prix des denrées alimentaires de base sur les marchés internationaux, ont accentué les pénuries de vivres, de vaccins et d’équipements médicaux. Ceci, combinées à des conditions climatiques de plus en plus difficiles, rendent la vie quotidienne extrêmement compliquée. Azza et Jamila soulignent toutes deux l’importance de la solidarité internationale pour maintenir un semblant de normalité dans cette situation hors norme.
Les réfugiés sahraouis bénéficient du soutien de l’Algérie, qui leur offre un refuge depuis des décennies, ainsi que de celui des Nations Unies, notamment via le PAM, le HCR, l’UNICEF et l’OMS. Cependant, les besoins restent immenses. Ces agences onusiennes et leurs partenaires humanitaires ont lancé un plan d'intervention 2024-2025 pour répondre aux besoins de 173 600 réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, en Algérie. Avec un budget de 214 millions de dollars, ce plan vise à améliorer la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation et l'accès à l'eau, tout en renforçant la résilience face à la dépendance à l'aide humanitaire et favoriser des solutions durables qui garantissent leur l'autonomie et l'amélioration de leur qualité de vie. Pour en savoir plus : Plan de Réponse aux Besoins des Réfugiés Sahraouis.
L’espoir dans l’adversité
Azza et Jamila sont le visage de la résilience sahraouie. Leur engagement montre que, même dans l’adversité, la volonté humaine peut surmonter les plus grandes épreuves. Leurs histoires rappellent à la communauté internationale que derrière les chiffres, il y a des vies, des rêves et une immense dignité.