Sondage ONU 75 : la santé, le climat et le multilatéralisme en tête des priorités des citoyens du monde
La pandémie de la COVID-19 incite apparemment une majorité de citoyens à réviser ses priorités. A court et moyen terme, la santé en est la plus importante
Par le biais de l’initiative ONU75, l’ONU a cherché à comprendre les problèmes, les attentes ou les urgences des citoyens du monde entier. Et il ressort des principales conclusions des sondages et dialogues menés au cours du 75e anniversaire des Nations Unies, la priorité à la santé de la population.
Face à l’insuffisance des soins de santé pour répondre aux besoins engendrés par la pandémie, la principale priorité immédiate et à court terme des répondants au niveau mondial était « l’accès universel aux soins de santé ».
Alors que la Covid-19 a creusé les inégalités, beaucoup ont donné la priorité à court terme à l’accès aux services de base et au soutien aux endroits et communautés les plus durement touchés.
« Le rapport s’est également efforcé de saisir les priorités mondiales en matière de rétablissement après la Covid-19 », a déclaré au cours d’une conférence de presse à Genève, le Conseiller spécial sur les préparatifs du 75e anniversaire de l’ONU (ONU75), Fabrizio Hochschild. A cet égard, « la crise du coronavirus a conduit à un plus grand soutien à la coopération internationale ».
Solidarité mondiale et nécessité de lutter contre les inégalités
Outre l’accès à l’eau et à l’assainissement, l’éducation a été au centre des préoccupations des répondants. Comme le coronavirus a forcé les enfants à ne plus se rendre à l’école dans le monde entier, « des investissements dans l’éducation et la jeunesse » ont été plébiscités, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie centrale et du Sud.
Il y a un an, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, avait lancé l’initiative ONU75 afin que l’organisation soit plus à l’écoute des populations qu’elles servent. Plus d’un million et demi de personnes dans 193 pays ont ainsi fait part de leurs priorités à court et à long terme, de leurs idées d’action et de leurs appels en faveur d’une ONU plus inclusive et plus transparente pour diriger la réponse face aux défis mondiaux urgents.
Une analyse du sondage montre que les priorités différent d’une région à une autre. Dans les pays en développement, l’urgence tourne autour de la « solidarité mondiale » et de la nécessité de lutter contre les inégalités, qui se sont « creusées avec la Covid-19 ». Dans les pays développés, les répondants sont moins nombreux à considérer le « soutien aux zones les plus touchées » comme une priorité.
Le climat plébiscité en Amérique latine et dans les Caraïbes
Le sondage met en avant l’importance donnée par les citoyens du monde aux questions d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. En dehors de l’amélioration de l’accès aux services de santé au cours des 25 prochaines années, le changement climatique et les questions environnementales ont été identifiés comme le principal défi mondial à long terme dans toutes les régions du monde.
Le pourcentage les plus élevé de répondants ayant choisi cette urgence planétaire comme menace principale se trouve en Amérique latine et dans les Caraïbes (73%), et les plus bas sont en Afrique subsaharienne (37%).
Suivent ensuite le défi de l’emploi, le respect des droits de l’homme et la réduction des conflits. Cette quête de paix reste la priorité pour les personnes interrogées en Asie de l’Est et du Sud-Est, au Moyen-Orient, et en Afrique subsaharienne. Alors que les personnes interrogées dans les pays qui ne sont pas en conflit sont plus préoccupées par les tensions entre pays. Celles qui vivent dans des pays en conflit sont plus préoccupées par la violence à l’intérieur de leurs frontières.
Face à la crise de la Covid-19, repenser le multilatéralisme
Le besoin d’une approche multilatérale a été également renforcée pour confronter la Covid-19 et les autres crises globales. Une majorité de personnes interrogées dans le monde déclarent que la pandémie a « renforcé leur opinion sur l’importance d’une plus grande coopération entre les pays ».
Et presque la quasi-totalité des sondés (97%) ont soutenu l’importance de la coopération internationale pour relever les défis mondiaux. Plus de la moitié des personnes interrogées estiment que la coopération internationale est essentielle tandis que le tiers la juge très importante et plus de 10% assez importante. Et le pourcentage le plus élevé a été observée en Amérique du Nord.
Pour repenser ce multilatéralisme, ils sont nombreux à attendre « un rôle de premier plan de l’ONU » pour relever les défis mondiaux immédiats et à long terme. Mais de nombreux sondés souhaitent toutefois que l’Organisation innove. Ils plaident ainsi pour une ONU « plus inclusive, plus engagée, plus responsable et plus efficace ».
Selon les sondés, cela passe aussi par un leadership moral et un Conseil de sécurité des Nations Unies réformé, plus représentatif et plus agile. L’autre recommandation consiste à une charte révisée qui inclut les défis mondiaux les plus urgents d’aujourd’hui, comme le changement climatique.
L’Afrique, continent le plus optimiste quant à l’avenir et l’Amérique du Nord, la plus pessimiste
Plus largement, l’une des leçons de ce sondage, c’est le « plus grand optimisme » quant à l’avenir affiché par les citoyens des pays en développement et ceux vivant dans des situations de conflit.
La région où la population est la plus optimiste est l’Afrique subsaharienne, où 59% des personnes interrogées pensent qu’en 2045, lorsque l’ONU fêtera son premier centenaire, la planète sera en meilleure posture qu’aujourd’hui, contre 52% en Asie centrale et du Sud, 51% en Asie de l’Est.
En revanche, la région la plus pessimiste est l’Amérique du Nord, où 49% des personnes interrogées prévoient un monde pire dans un quart de siècle, alors qu’en Amérique du Sud, dans les Caraïbes et en Europe, ce pourcentage est de 48%.
Mais globalement, les personnes interrogées sont beaucoup plus optimistes sur l’avenir. Près de la moitié des sondés ont estimé que la situation sera meilleure en 2045 par rapport à aujourd’hui. Dans le même temps, le tiers des répondants pensent que la situation sera pire.
Selon M. Hochschild, ce rapport est finalement le fruit d’un effort sans précédent des Nations Unies pour saisir les espoirs des populations mondiales pour l’avenir, ainsi que leurs attentes en matière de coopération internationale. Il s’agit ainsi de « mieux combler le fossé entre le monde qu’elles veulent et celui qu’elles pensent », mais aussi « avec lequel nous risquons de nous retrouver ».