Un levier pour un développement plus équitable et résilient, allocution de M. Alejandro Alvarez, Coordonnateur Résident des Nations Unies à la Conférence internationale sur la protection sociale
20 octobre 2021
La protection sociale est un domaine cher à l’Algérie. Il a en effet fortement contribué à l’amélioration continue de son Indice de Développement Humain le plaçant sur le podium africain. Dès son indépendance, l’Algérie a fait un investissement sans relâche pour l’édification d’un état social.
Monsieur le Président du Conseil National Economique, Sociale et Environnemental, Mesdames, messieurs les représentants de l’Assemblée Populaire Nationale, Professeur Mohamed Belhocine, commissaire à l’éducation, les sciences, la technologie et l’innovation, Madame Mentouri, Honorable assistance
J’ai l’honneur et le plaisir d’être parmi vous pour l’ouverture de cette conférence internationale sur la protection sociale, une thématique qui trouve toute son importance aujourd’hui que le monde tente de se relever de l’impact dévastateur de la COVID-19 tant sur le plan sanitaire, qu’économique et social.
Récemment arrivé en Algérie, je me réjouis d’être parmi vous pour discuter d’un un sujet qui me tient tant à cœur.
La protection sociale est un domaine cher à l’Algérie. Il a en effet fortement contribué à l’amélioration continue de son Indice de Développement Humain le plaçant sur le podium africain. Dès son indépendance, l’Algérie a fait un investissement sans relâche pour l’édification d’un état social.
La protection sociale est également un sujet que les Etats membres des Nations Unies ont placé au centre de son mandat, comme instrument majeur de l’atteinte des Objectifs de Développement durable.
En période de croissance, l’identification des plus vulnérables et les couts grandissants des systèmes de protection sociale sont des défis de taille. En temps de crise, ces questions deviennent des enjeux cruciaux de résilience.
Les effets déjà accablants de la pandémie au niveau mondial sur la perte d’emploi, et leurs conséquences sur l’aggravation de la pauvreté, notamment celle des enfants, et les inégalités, démontrent la centralité de la protection sociale dans la résilience aux chocs. En effet :
- Alors que la valeur des richesses détenues par les plus grosses fortunes a augmenté de plus de 3.900 milliards de dollars rien qu’entre mars et décembre 2020, l'impact de la pandémie sur le monde du travail a fait augmenter le nombre de personnes extrêmement pauvres de 119 à 224 millions. C’est la première augmentation de la pauvreté observée depuis plus de 21 ans.
- On estime qu’en 2020, 8,8 % du nombre total d'heures travaillées par 255 millions de travailleurs et travailleuses ont été perdues.
- Cela correspond à une perte de 3.300 milliards de dollars de revenus du travail hors aides publiques.
- A cause de la pandémie, il y aura, en 2021, 75 millions d'emplois de moins qu'avant la crise et qu’en 2022, il y en aura 23 millions d'emplois de moins que prévus.
- Il a été estimé qu’en conséquence de la crise socio-économique, un nombre additionnel de 142 millions d’enfants vivaient dans des ménages démunis au sens monétaire à la fin de l’année 2020.
C’est là que les notions de résilience et de développement durable prennent tout leur sens.
En Algérie, le système de protection sociale établi de longue date, dont l’accès gratuit à des services de santé nombreux, ont joué un rôle essentiel dans la réponse apportée à cette crise aux côtés des mesures sanitaires prises par le gouvernement.
Le gouvernement algérien place également au cœur de son plan d’action l’amélioration de la prise en charge des personnes vulnérables, et la préservation et la consolidation du système de sécurité sociale et de retraite.
Ces efforts ainsi que le dialogue social constituent des éléments clefs pour accompagner la diversification économique et la transition énergétique tout en répondant aux besoins des plus vulnérables.
Dans ce cadre, le système des Nations unies en Algérie est heureux de mettre à la disposition du CNESE pour ces deux journées de conférence son expertise en matière de protection sociale :
- L’Organisation International du Travail nous présentera la notion de socle de protection sociale avant d’aborder l’adaptation de la protection sociale à l’évolution des nouvelles formes de travail
- L’UNICEF nous parlera des systèmes de prestations universelles pour les enfants en réponse à la pauvreté multidimensionnelle
- L’Organisation Mondiale de la Sante nous parlera, pour sa part, de l’optimisation des liens entre la couverture sanitaire universelle et la protection sociale,
- Le PNUD nous expliquera, par la suite, comment l’approche multidimensionnelle des vulnérabilités permet de s’assurer que la protection sociale ne laisse personne pour compte,
- Enfin, la Banque Mondiale traitera la question de la réforme des subventions et des transferts monétaires.
Pour terminer, je citerai la première recommandation du Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Antonio Guterres, dans sa dernière note de synthèse sur le sujet de la protection sociale qui insiste sur la nécessité : « d’Élaborer des stratégies de relance nationales intégrées et inclusives pour la création d'emplois décents, notamment dans les secteurs de l’économie domestique et de l'écologie, ainsi que pour une protection sociale universelle et la réalisation d’une transition juste ; et veiller à ce que ces stratégies soient alignées sur les politiques macroéconomiques et budgétaires et étayées par des données solides ».
Avec son prochain cadre de Coopération pour le Développement Durable 2022-2026, les Nations Unies en Algérie souhaitent mobiliser, au sein d’un partenariat renforcé et efficient, toute leur expertise aux cotés des efforts nationaux pour assurer la pérennité et la performance du système de protection sociale pour une relance durable, créatrice d’emplois décents, et socialement inclusive.
Je vous souhaite plein de succès dans vos travaux.
Je vous remercie.