Célébration de la Journée Mondiale du SIDA, discours du RC, M. Alejandro Alvarez
L’Algérie célèbre la journée mondiale du SIDA en s’engageant à œuvrer pour la pour la continuité des services liés VIH et de mettre fin aux inégalités.
Monsieur le Ministre de la Santé ; Madame/Monsieur le (a) représentant (e) du Ministère des Affaires Etrangères ; Mesdames et Messieurs les membres du Comité National de Prévention et de lutte contre les IST/SIDA; Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile; Mesdames et Messieurs les représentants des médias; Cher.e.s collègues des agences des Nations Unies; Mesdames et Messieurs,
Je suis honoré d’être parmi vous aujourd’hui afin de participer à la célébration de la journée mondiale de lutte contre le SIDA.
La Journée mondiale du sida est l’occasion de nous rappeler qu’il est urgent d’éradiquer les inégalités qui alimentent l’épidémie de sida ainsi que d’autres pandémies dans le monde.
La COVID-19 est venue nous rappeler brutalement que les inégalités en matière de santé touchent chacun et chacune d’entre nous. Le péril de l’un est le péril de tous.
En effet, sans actions audacieuses contre les inégalités, le monde risque de manquer les cibles pour mettre fin au sida d'ici 2030.
Malgré les grands progrès réalisés, la crise liée au sida reste d’actualité. Encore 1,5 million de personnes sont infectées par le VIH chaque année, et quelque 680 000 en meurent.
Et les inégalités font que celles et ceux qui sont les moins capables de défendre leurs droits demeurent les plus touchés.
L’Assemblée générale des Nations Unies a récemment adopté en juin 2021 un nouveau plan audacieux pour accélérer les progrès, notamment en fixant de nouvelles cibles à atteindre d’ici à 2025.
Pour venir à bout du sida – et renforcer la résilience face aux pandémies de demain – il nous faut agir collectivement.
Les enseignements tirés de la lutte contre le VIH peuvent être très utiles dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.
Nous savons que, pour mettre fin au sida et vaincre la COVID-19, nous devons éliminer la stigmatisation et la discrimination, placer l’être humain au cœur de notre action et prendre des mesures axées sur les droits humains et tenant compte des questions de genre.
L’accès aux soins de santé ne devrait pas dépendre du niveau de richesses des uns ou des autres. Il s’agit notamment de s’inspirer de la force mobilisatrice des communautés pour faire bouger les lignes, lutter contre la stigmatisation et supprimer les lois, politiques et pratiques discriminatoires et punitives.
Nous devons également lever les obstacles financiers aux soins de santé et investir davantage dans les services publics essentiels afin que chaque personne, où qu’elle soit, puisse bénéficier d’une couverture sanitaire universelle.
La menace du VIH plane toujours sur l’humanité 40 ans après le signalement des premiers cas de sida. Aujourd’hui, l'engagement de mettre fin au sida à l’horizon 2030 est en retard. Ce retard n’est pas imputable à un manque de connaissances ou d’outils pour vaincre le sida, mais à des inégalités structurelles qui entravent les solutions efficaces de prévention et de traitement du VIH.
Les inégalités économiques, sociales, culturelles et légales doivent prendre fin de toute urgence si nous voulons éradiquer le sida d’ici 2030.
L’Algérie célèbre cette journée mondiale du SIDA cette année dans ce contexte difficile en s’engageant au même titre que la communauté mondiale à œuvrer pour la continuité des services liés VIH et de mettre fin aux inégalités comme le témoigne le slogan retenu par le Ministère de la Santé : Sans Préjugés, sans Discrimination Pour Mettre Fin au SIDA.
La riposte mondiale au sida accusait déjà un retard avant l’arrivée de la pandémie de COVID-19, mais la propagation rapide du coronavirus a encore ralenti les progrès.
Les modélisations à long terme des répercussions de la pandémie sur la riposte au VIH indiquent que le nombre de nouvelles infections au VIH et le nombre de décès liés au sida peuvent augmenter substantiellement dans les prochaines années, et nous risquons de voir la pandémie de sida se prolonger pendant des décennies.
En Algérie, l’engagement politique et financier considérable de l’État et les efforts de tous les acteurs et des partenaires internationaux en matière de riposte au SIDA, a permis l’enregistrement de progrès notamment en matière d’accès au traitement antirétroviral (ARV).
Les données des estimations de ONUSIDA montrent qu’en 2020, 85% des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) qui connaissent leur statut sérologique ont accès au traitement.
Toutefois à l’instar des autres pays certains progrès restent long comme le taux faible (<50%) des PVVIH qui ont une charge virale supprimée, et le taux de 34 % des femmes enceintes vivant avec le VIH qui ont reçu un traitement ARV pour prévenir la transmission mère-enfant.
Il est important de noter que l’amélioration de l’accès au traitement a contribué fortement à la réduction du nombre de décès en Algérie de 10 % depuis 2010.
Le nombre estimé de nouvelles infections à VIH en 2020 est de 1700 personnes, au cours de ces dernières années (2010-2020), ces nouvelles infections ont augmenté de plus de 50 % passant de 500 cas en 2003, à près de 1000 cas en 2010 pour atteindre 1700 cas en 2020.
Le taux de prévalence du VIH dans la population générale reste faible et inférieur à 0.1%, toutefois cette faible prévalence cache des disparités disproportionnées chez les populations les plus exposées et vulnérables au VIH.
Les services de prévention du VIH auprès des populations exposées et vulnérables au VIH sont actuellement offerts par les Organisations de la Société Civile (OSC) dans le cadre d’un partenariat avec le Ministère de la Santé avec l’appui du Fonds mondial.
La mise en place d’offre de services résilients du VIH/sida pour l’accès aux à la prévention, aux soins et traitement des populations exposées et vulnérables au VIH contribuera à la réduction des nouvelles infections au niveau national.
Atteindre les cibles ambitieuses de la déclaration politique des Nations Unies et de la stratégie de ONUSIDA reste un défi, en particulier en ce qui concerne la suppression durable de la charge virale chez les personnes sous traitement antirétroviral (ART), l’élargissement de l’offre du dépistage et de prévention auprès des populations exposées et vulnérables au VIH, et la généralisation de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
Il convient également de noter que malgré un arsenal juridique conséquent relatif à l’accès universel aux soins et au traitement, des situations de stigmatisation et de discrimination, en particulier dans les soins de santé, ainsi que des situations liées aux normes de genre continuent d'être signalées.
Je salue le courage et la persévérance du combat quotidien des PVVIH et des organisations de la société civile qui font face aux violations des Droits Humains liées au VIH/sida.
Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs,
L’éradication urgente des inégalités qui alimentent l’épidémie de sida et d’autres pandémies dans le monde est à l’honneur aujourd’hui. Je voudrais féliciter le Ministère de la Santé pour les réalisations de la riposte nationale en 2021, en particulier :
- La poursuite de la mise en œuvre des interventions innovantes inscrites dans le Plan National Stratégique IST/VIH/sida 2020-2024, qui traduit tous les engagements auxquels l’Algérie a souscrit, pour mettre fin à l’épidémie du sida d’ici 2030 et qui vise à accélérer et amplifier la riposte nationale au regard de la dynamique de l’épidémie avec l’appui des agences des nations unies sous le lead de ONUSIDA et du Fonds mondial.
- Le lancement de l’élaboration de la stratégie nationale sur les droits humains et le VIH/sida avec l’appui du PNUD.
- L’élaboration du nouveau guide thérapeutique de l’infection à VIH avec l’appui de l’OMS, dont la mise en œuvre permettra de réduire les coûts du traitement pour les prochaines années.
- Le lancement du traitement de substitution aux opiacés avec un appui de ONUDC pour son extension.
- L’accord avec les organisations de la société civile pour l’opérationnalisation du dépistage communautaire.
Sur ce dernier point, je voudrais exprimer ma reconnaissance aux organisations de la société civile qui ont joué un rôle clé dans la continuité des services liés au VIH dans le contexte du COVID-19. Je salue leur engagement et solidarité pour atteindre les populations laissées pour compte.
Du côté du Système des Nations Unies, les différentes agences onusiennes sont impliquées conjointement pour appuyer la riposte nationale. En effet, la riposte multisectorielle au VIH/sida a été retenue comme priorité dans le cadre de coopération stratégique (CDCS) entre les Nations Unies et le gouvernement Algérien et c’est l’ONUSIDA qui coordonne le programme commun des agences des Nations Unies sur le VIH/Sida, et il est important de pérenniser ces acquis.
A cet effet, je voudrais réaffirmer notre engagement à fournir l’appui technique nécessaire pour les domaines prioritaires de la riposte. Cet appui à travers le développement d’un plan conjoint pour la période 2022-2023 aligné avec les priorités du Plan National Stratégique 2020-2024 et intégré dans le CDCS actuel et future.
Pour conclure, je souhaiterais saluer l’engagement indéfectible des différents acteurs impliqués dans la riposte, en particulier le leadership du Ministère de la Santé.
Ensemble, renouvelons notre engagement à mettre fin aux inégalités et à vaincre le sida.
Merci à tous