Réponse aux violences faites aux femmes en Algérie : acquis, bonnes pratiques et défis concrets en matière de coordination multisectorielle
Journée multisectorielle de commémoration conjointe des 16-jours d’activisme contre les violences faites aux femmes
• Madame Habiba Kherrour, représentante du Ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l´étranger ;
• Excellence, Madame Jenna Van der Velde, l’Ambassadeure du Royaume des Pays Bas en Algérie,
• Madame Ouahiba Sakani, Cheffe du bureau du Fonds des Nations unies pour la population en Algérie ;
• Mesdames et Monsieur les représentants des Ministères et institutions nationales ;
• Mesdames et messieurs les membres du corps diplomatique en Algérie,
• Mesdames et messieurs les journalistes, chers collègues,
• Honorable assistance ;
C’est un honneur et un immense plaisir, d’être ici parmi vous à l’occasion de cette journée sur la coordination multisectorielle contre les violences faites femmes et filles.
En premier lieu, Mesdames et messieurs, en mon nom propre et au nom de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) permettez-moi d´exprimer ma gratitude et ma reconnaissance envers le Ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger et de le remercier, à travers sa représentante, très chaleureusement pour sa solide coopération dans l´organisation de cette Journée qui témoigne de l’engagement fort et continu de la République démocratique et populaire Algérienne contre les violences faites aux femmes et aux filles sous toutes ses formes sur la scène régionale et internationale.
La campagne mondiale des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, a commencé il y a quelques jours et se poursuivra jusqu´au 10 décembre. Ces 16 jours servent pour mettre en lumière les acquis, le chemin à parcourir encore et à renouveler l´engagement à oeuvrer chaque jour, tout au long de l´année contre les violences à l´égard des femmes, à faire mieux et plus. Être réuni aujourd’hui, aussi nombreux, pour réfléchir ensemble à comment renforcer la coordination sectorielle dans la réponse nationale à la violence faites aux femmes est un signe fort : que rien ne peut, ne doit diminuer l´action contre les violences faites aux femmes et filles, même pas la pandémie mondiale de la COVID-19 et ses nombreuses restrictions. Cela témoigne de l’engagement profond de l’Algérie dans la prévention et la lutte contre ce fléau mondial, cette autre pandémie au regard de son bilan annuel, qu´est la violence faites aux femmes, parce que femmes. Et en ce sens, je remercie le Gouvernement Algérien dans son ensemble pour avoir maintenue la priorité, comme le démontre la tenue de notre rencontre aujourd´hui, à la prévention et la lutte contre ces crimes malgré donc, l´impact de la COVID-19 dont on sait maintenant qu´elle a tragiquement renforcée tous les facteurs de risques pour la violence à l´égard des femmes.
Permettez-moi également de remercier à travers sa représentante, Madame l’Ambassadeure Van der Velde, le Gouvernement du Royaume des Pays Bas pour son soutien constant et d’envergure, je dirais même son rôle mondial, moteur et fédérateur, à la lutte contre toutes les formes de violences basées sur le genre en tant que partie intégrante du respect des droits humains. L´activité qui nous réunit s´inscrit dans cette lignée puisqu´elle est mise en oeuvre, en partenariat avec les Pays Bas, dans le cadre d´un projet conjoint de deux agences des Nations unies, le FNUAP et UNODC afin de rendre plus compréhensif et véritablement multisectoriel, l´appui aux efforts de l´Algérie en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles avec une préoccupation constante de protection des victimes.
Mesdames et Messieurs, la violence à l'égard des femmes est une violation des droits humains qui n´est que trop répandue dans toutes les régions du monde. Aucun pays ne peut prétendre
avoir éliminer les violences fondées sur le genre. La violence à l'égard des femmes n'est ni nouvelle ni particulière à un pays ou à une société ou à une culture. Il se produit partout dans le monde, indépendamment de l'histoire ou du statut social et économique. Trop souvent, elle n'est pas signalée et donc pas punie, avec des conséquences mortelles. Ainsi, près de 60% des femmes victimes d'homicide dans le monde sont tués par des coups portés par leur propre conjoint ou membres de leur famille, selon une récente étude de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Ce même rapport publié il y a quelques jours indique que toutes les 11 minutes, une femme meurt des suites de la violence de son conjoint ou d´un membre de sa famille. De tels meurtres, de tels crimes font partie d'un schéma, représentant le point culminant et mortel des abus et de la violence liés au genre. Mais tout au long de ce terrifiant continuum de violence, l'agression prend de multiples formes, notamment l'intimidation et le harcèlement en ligne, la violence conjugale et le viol en tant qu'arme ultime d’humiliation.
Mettre fin à cette violence est loin d’être une tâche facile. Une ambitieuse approche de prévention et de réponse visant à mettre fin à l'impunité des agresseurs et à protéger et assister les victimes est requise. Elle doit aussi intégrée une dimension pivot à tout effort de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes : une action concertée, coordonnée et intégrée des secteurs de la santé, des services sociaux, de la gendarmerie, de la police et de la justice est nécessaire pour s'assurer qu'un soutien et une protection ciblé et adaptée soit accessible à toutes. Allant dans ce sens, il me parait important de signaler que l´ensemble de axes d´interventions sont parfaitement intégrée dans la Stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
La réponse contre la violence faites aux femmes c´est aussi la prévention : une clé importante pour défaire les conditions structurelles qui jouent un rôle dans l'activation de la violence fondée sur le genre réside dans le fait de briser le cycle des stéréotypes de genre négatifs qui alimentent les comportements agressifs et les justifient. Il est donc primordial, et partie intégrante de toute
lutte contre la violence faites aux femmes de briser le continuum de la violence par la prévention et la déconstruction du discours violent fondée sur le genre.
C’est là toute l’ambition de la journée d’aujourd’hui :
1/Identifier des pistes concrètes, opérationnelles, pratiques de renforcement en vue d’améliorer la coordination multisectorielle dans la réponse aux violences faites aux femmes et aux filles centrées sur la victime, ses besoins et sa protection.
2/Et ne pas négliger l´effort de déconstruction du discours de la violence contre les femmes afin de tarir les bases la justifiant.
Avoir un tel panel institutionnel de participation nationales et d´experts nationaux me réjouit au plus point car je ne doute pas que les toutes conditions pour des échanges constructifs et productifs sont entièrement réunis.
Sans naïveté aucune, nous savons tous que l'élimination de la violence à l'égard des femmes est une tâche énorme et probablement continue, qui nécessite l'engagement constant, la participation et la coordination étroite de tous les acteurs et intervenants. Il faut le dire, la véritable pression pèse en réalité sur chacun des intervenants celles et ceux sur le terrain, puisque, Mesdames et messieurs C'est VOUS qui pouvez et ferez une différence pour la victime ! Chaque jour c´est vous qui oeuvrez dans vos fonctions respectives à protéger, soigner, soulager, accompagner, aider ces femmes violentées parce que femme. J´espère sincèrement que les travaux répondront à vos besoins et vos attentes et surtout qu´ils vous seront utiles dans vos nobles missions.
Je vous remercie pour votre attention.
Discours d’ ouverture prononcée par Madame Samia Chouchane, Cheffe du Bureau de l’ ONUDC pour l’ Algérie, 2 décembre 2021