Célébration de la Journée internationale des Droits de l’Homme « Tous humains-Tous égaux »
Comme l’indique le SG de l'ONU dans son rapport « notre Agenda commun » : la solidarité est le principal défi de notre génération.
Monsieur le Président du Conseil National des Droits de l’Homme, Monsieur le Ministre de la justice, Garde des Sceaux, Madame l’Envoyée spéciale chargée des grands partenariats internationaux, Mesdames et Messieurs et messieurs les Membres du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, et les Représentants des Organisations Internationales, Mesdames et Messieurs membres de la société civile et des médias, Honorable assistance,
C’est avec un grand plaisir que je prends la parole devant vous aujourd’hui, au nom du Système des Nations Unies en Algérie , pour la célébration de la journée des droits de l’Homme, commémorer le 10 décembre de chaque année.
Cette commémoration, organisée conjointement avec le Conseil national des droits de l’homme, traduit notre attachement profond à la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce document fondateur a proclamé les droits inaliénables de chaque individu en tant qu’être humain, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
Il est donc dans l’ordre des choses que la célébration de la journée des droits de l’Homme cette année soit dédiée à la thématique : « Tous humains - tous égaux ».
Mais ce principe fondateur du système des droits de l’Homme est aujourd’hui, plus que jamais mis à mal. « La pandémie de COVID-19, la crise climatique et l’expansion de la technologie numérique dans tous les secteurs de notre vie ont créé de nouvelles menaces pour les droits humains », avait souligné le Secrétaire général dans son discours le 10 décembre dernier.
Depuis deux années, l’humanité fait face à une crise globalisée qui l’a lourdement affecté.
Le creusement des inégalités et l’aggravation des exclusions issus ou exacerbés par la pandémie imposent que l’attention et tous les efforts soient portés sur la lutte contre la discrimination
Alors que nous continuons à espérer une très prochaine sortie de crise, le slogan de cette année met en relief la nécessité de mettre l’égalité et la non-discrimination au cœur des efforts de relèvement. La pandémie ne se limite pas à toucher les populations les plus vulnérables mais également révèle et exacerbe les inégalités structurelles au sein des sociétés et entre les nations.
L’accès au soin, L’accès à la vaccination ont été des exemples criants.
La pandémie vient se greffer aux grands défis sociaux, économiques, politiques et environnementaux et alourdit leurs impacts. Aujourd’hui, plus de 900 millions de personnes souffrent d’une consommation alimentaire insuffisante et prêt de 300 millions seraient en situation de crise alimentaire aiguë Environ 500 millions d’emplois ont été perdus, entraînant un recul de l’économie mondiale de 3,5 %[1].
La crise a exacerbé la vulnérabilité des femmes à l’échelle mondiale, le taux d’emploi des femmes recule de 44,8% en 2019 à 42,3% en 2020. Les mêmes conclusions s’imposent concernant le taux d’inactivité des femmes qui se creuse entre 2019 et 2020, passant de 52,6% à 54,3%. Cela est encore plus manifeste quand il s’agit des jeunes de moins de 25 ans dont la croissance de l’emploi recule de 9,1% en 2020 par rapport à 2019.
L’impact de la pandémie n’est pas que monétaire, la précarité s’aggrave et l’asymétrie dans les sociétés et entre les pays se creuse. Un nombre de plus en plus important de la population mondiale est privé de ses droits les plus élémentaires. La violence à l’égard des femmes a cru de manière inquiétante pendant les périodes de confinement.
En raison du tarissement de leurs ressources pendant la période de confinement, les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile, en particulier les femmes et les enfants non accompagnés, ont été sévèrement impacté dans leur capacité à subvenir à leurs besoins quotidiens.
La conclusion de tout cela est claire ; comme l’indique le SG dans son rapport « notre Agenda commun » : la solidarité est le principal défi de notre génération. La notion d’égalité fait partie intégrante du Programme 2030 et de l’approche des Nations Unies définie dans le document Cadre commun pour ne laisser personne de côté : l’égalité et la non-discrimination au cœur du développement durable. Il s’agit notamment d’examiner les formes de discrimination profondément ancrées touchant les populations les plus vulnérables de nos sociétés et de trouver des solutions à ces problèmes.
Il est impératif que l’égalité, l’inclusion et la non-discrimination, soit une approche du développement fondée sur les droits de l’homme, constituent le meilleur moyen de réduire les inégalités et de nous remettre sur la bonne voie en vue de réaliser l’Agenda 2030.
Permettez-moi Mesdames et Messieurs de rappeler ici que les Objectifs de développement durable visent justement à réaliser les droits humains pour tous, sans laisser personne pour compte. Le but de l’Agenda 2030 est de créer un monde ou soient universellement respectés les droits de l’homme et la dignité humaine, l’Etat de droit, la justice, l’égalité et la non-discrimination. L’individu est au centre des 17 objectifs de développement durable, notamment l’objectif 10 : Réduire les inégalités dans les pays et d’un pays à l’autre.
L’Algérie a justement fait, depuis son indépendance, le choix de la solidarité et d’une politique sociale ambitieuse qui lui a permis de faire des progrès significatifs pour garantir les droits sociaux et économiques et d’enregistrer d’importantes avancées dans la réalisation des objectifs de développement durable et de l’agenda 2030.
L'orientation sociale claire des politiques publiques algériennes et les importants efforts humains, et financiers consentis, ont également permis au pays de faire preuve de résilience face à l'impact de la pandémie.
Des défis majeurs subsistent toutefois.
La révision constitutionnelle de novembre 2020 a clairement consolidé les droits civils, politiques, sociaux et économique mais leur mise en œuvre appelle les efforts conjugués de nous tous.
Ainsi et malgré des dispositions constitutionnelles égalitaires, les femmes et les jeunes sont sévèrement touchés par le chômage et font face à d’importantes difficultés en matière d’accès à l’emploi.
Selon les données de l’ONS, le taux de chômage des femmes est, en 2019, deux fois supplémentaire à celui des hommes : 20,4 contre 9,1%. Il atteint 26,9% pour les jeunes âgés de 16 à 24 ans.
Également et malgré l’introduction de l’exigence de la parité entre hommes et femmes dans les listes électorales, la représentation des femmes dans les assemblées élues a enregistré un net recul.
Les travailleurs non affiliés à la sécurité sociale restent particulièrement vulnérables aux crises et bénéficient peu des mesures du soutien du gouvernement car non aisément identifiables.
La réponse à ces défis exige des politiques ayant pour objectif de ne laisser personne pour compte.
Le renforcement des politiques sociales tout en améliorant leur efficience est déterminant pour cela.
L’amnistie fiscale appliquée à toutes les activités informelles, consacrée par la loi de finance 2022, correspond à cet objectif car elle permet de réduire la proportion du secteur informel.
Il également important de maintenir cette logique pour la réforme de système de subvention afin qu’il puisse mieux cibler ceux ayant le plus besoin de soutien et optimiser l’impact des efforts budgétaires de l’Etat.
Dans le même sens, les autorités ont placé la réduction des disparités en tête de leur priorité.
Ce sont là des chantiers de taille et permettez-moi d’insister sur le fait que les choix que nous faisons aujourd’hui pour endiguer les disparités, pour renforcer les garanties sociales, où réduire l’impact écologique de nos politiques, sont déterminants pour l’avenir des générations futures.
C’est l’unique voie pour que les droits puissent bénéficier à tous et que les lieux des exclusions soient réduits car notre objectif, en définitive, est de ne laisser personne pour compte.
Permettez-moi de conclure, mesdames et messieurs, en saluant la participation, en 2022, de l’Algérie au 4ème cycle de l’examen périodique universel et d’exprimer la pleine disposition du système des Nations-Unies à apporter son soutien dans ce processus.
Merci pour votre attention.
[1] https://content.unops.org/publications/2021-May-Joint-Meeting-of-the-Boards-Background-Note_FR.pdf