Atelier d’appui à la dispensation et au déploiement de la thérapie de substitution aux opioïdes, Allocution du RC
L'Atelier démontre la priorité donnée à prévenir les conséquences nocives de la consommation de drogues,
Monsieur le Directeur Général de la Prévention et de la Promotion de la Santé, Mme la représentante du Ministère des Affaires Etrangères, Monsieur Adel Zeddam, Directeur pays d´ONUSIDA en Algérie, Madame Samia Chouchane, Cheffe du Bureau de l´Office des Nations unies contre la drogue et le crime en Algérie, Mesdames et Messieurs les experts, Mesdames et Messieurs les professionnels de la santé, Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile, Mesdames et Messieurs,
C’est un honneur et un plaisir, pour moi et pour mes collègues de l´Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et de l’ONUSIDA, à l´ouverture de cet Atelier national portant sur la dispensation et au déploiement de la thérapie de substitution aux opioïdes qui nous réunit aujourd´hui et demain.
Tout d'abord, permettez-moi d'exprimer ma gratitude et mes remerciements au Gouvernement algérien dans son ensemble pour son engagement profond dans la prévention et la lutte contre les abus liés aux drogues illicites.
L´organisation de cet Atelier démontre la priorité donnée à prévenir les conséquences nocives de la consommation de drogues, l´importance de prévenir ces conséquences et de mettre en place des services de soins différenciés de santé publique, ainsi que notre engagement collectif à engager des solutions holistiques.
Je félicite en ce sens la volonté du Ministère de la Santé à aborder le problème de la drogue, comme une question essentiellement de santé publique. Je voudrais également exprimer ma profonde reconnaissance envers la Direction Générale de la Prévention et de la promotion de la santé pour tout le travail préparatoire, notamment Monsieur le Dr. Fourar et Monsieur le Professeur Chakali et leurs équipes.
Mesdames et messieurs, nous le savons tous : la prévention et la lutte contre les abus liés aux drogues, n´est pas qu´une affaire de lutte contre les trafiquants. Il s´agit en effet et surtout de traitement, de services de santé, d´appui et de réinsertion.
Au regard des chiffres mis en lumière par le dernier rapport mondial sur les problèmes de drogues, cela est d´autant plus pertinent et important chez les jeunes. Il souligne notamment qu´en 2020, 36 millions souffraient de troubles liés à la consommation de drogues. La consommation de drogues a tué près d’un demi-million de personnes en 2019 dans le monde.
La vision de la riposte mondiale au SIDA sous-tend ces objectifs : zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au SIDA.
La solidarité mondiale et la résilience des communautés ont sauvé des millions de vies. Mais nous aurions pu accomplir beaucoup plus. Nombre des inégalités qui ont facilité la propagation de la pandémie de SIDA s’aggravent et continuent d’attiser la propagation du VIH.
Dans chaque région du monde, il existe des populations clés qui sont particulièrement plus exposées à l'infection par le VIH. Les personnes qui s'injectent des drogues sont 35 fois plus à risque de contracter l'infection de VIH que les personnes qui ne s'injectent pas de drogues.
Les populations clés y compris les personnes qui consomment des drogues, en particulier celles qui s’injectent des drogues, sont victimes de discrimination, de violence et d’environnements juridiques et sociaux punitifs, qui contribuent tous à la vulnérabilité au VIH.
La stigmatisation et la discrimination font partie des nombreux obstacles séparant les principales populations des services de santé de qualité dont elles ont besoin.
Les lois punitives, l’absence de lois et de politiques habilitantes et un accès inadéquat aux services de santé contribuent aux inégalités qui sapent les ripostes au VIH.
Parmi les pays ayant communiqué des données à l’ONUSIDA en 2019, 111 criminalisaient l’usage ou la possession de drogues à des fins personnelles.
La Déclaration politique des Nations Unies sur le SIDA de 2021 engage les pays à entreprendre une réforme législative de sorte que d'ici 2025, moins de 10 % des pays auront des cadres juridiques et politiques restrictifs qui conduisent au refus ou à la limitation de l'accès aux services.
En Europe et en Amérique du Nord, par exemple, même si les technologies de pointe offrent les moyens de mettre fin à l’épidémie du SIDA, les consommateurs de drogues injectables ont été laissés pour compte.
La réduction des inégalités qui alimentent le VIH pourrait être un point d’entrée pour parvenir à la transformation souhaitée dans le cadre du programme de développement durable à l’horizon 2030.
Les mesures prioritaires contenues dans la stratégie mondiale de lutte contre le SIDA « Mettre fin aux inégalités. Mettre fin au SIDA », préconisent de redoubler les efforts vers la réduction complète des risques pour les personnes qui consomment de la drogue par injection dans tous les contextes.
Ceci comprend des programmes liés aux seringues et aiguilles, des thérapies de substitution aux opioïdes, ainsi que des médicaments utilisés pour bloquer les effets d’une surdose d’opioïdes et des interventions pour la consommation d’alcool et de drogues non injectables.
Il est également préconisé de renforcer les efforts en matière de prévention, diagnostic et traitement de la tuberculose et de l’hépatite virale, la sensibilisation communautaire et le soutien psychosocial.
Les données relatives aux consommateurs de drogues injectables (CDI) en Algérie reflètent ceux des centres de dépistage du VIH ne permettant donc pas d’avoir une vision complète de la situation. D’après cette information, ces dernières années, des taux de prévalence du VIH parmi les CDI a été de 1,1% en 2014, 4,3 % en 2016 et 0,9% en 2018.
L’étude Bio Comportementale IST/VIH/sida auprès des CDI (IBBS) réalisée par le ministère de la Santé en 2019, a permis de préciser une prévalence du VIH de 2,2% et de 22,5 % de l’hépatite C. Une autre étude officielle a estimé que la population des consommateurs de drogues injectables s’élève à 0,21% de la population âgée de 18 à 49 ans.
Cette situation rend compte de la nécessité d’intensifier les programmes de prévention combinée auprès de ce groupe de population dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de la Santé et les organisations de la société civile. Il serait aussi nécessaire d’améliorer la promotion et la mise à disposition des produits de prévention y compris le traitement de substitution aux opiacés, lancé récemment pour la première fois en Algérie en début de l’année en cours.
Je suis heureux de constater que le Plan National Stratégique IST/VIH/sida vise à accélérer et amplifier la riposte nationale au regard de la dynamique de l’épidémie y compris par la réduction des risques auprès des consommateurs de drogues injectables.
Le Plan National prévoit également un accès universel à la prévention, au dépistage et aux soins tout en améliorant la riposte par un environnement non discriminant.
La volonté de l’Algérie de renforcer les mesures préventives et de santé pour lutter contre l´abus de drogues et la réduction des risques liés à leur utilisation doit être saluée car cela fait clairement partie d´une approche conforme aux standards internationaux et bonnes pratiques. L’Algérie traduit ainsi ses engagements internationaux en actions concrètes, ce que nous, les Nations unies, encourageons et appuyons.
Le programme de prévention combinée du VIH auprès des consommateurs des drogues injectables financé par le Fonds mondial depuis 2018, avec l’appui des Nations Unies, est aussi un point fort de l’engagement du pays à atteindre les objectifs de réduire les risques liés à l’usage des drogues et la transmission du VIH et maladies transmissibles.
C’est dans l’esprit d’une approche concertée et compréhensive que les Nations Unies œuvrent ensemble au travers du Programme conjoint sur le VIH/sida à appuyer le Ministère et les autres partenaires nationaux à mettre en place ces politiques.
Mesdames et messieurs, je me réjouis qu´aujourd´hui de savoir que dans le cadre de cet Atelier, seront mis en lumière les points majeurs de la prévention contre les drogues en tant que politique de santé publique.
L´atelier est une occasion unique de discuter et d´échanger sur les acquis et bonnes pratiques nationales, y compris Algériennes, en matière de dispensation des traitements de substitution aux opioïdes (TSO).
Il sera également l’occasion de discuter sur la coordination avec les prestataires de services de santé issus de la société civile dans un esprit de renforcement des soins et accompagnement des usagers de drogues injectables afin que personne ne soit laissé pour compte.
Je vous remercie toutes et tous pour le temps accordé à réfléchir ensemble à ce sujet si important.
Et encore une fois, je félicite le Ministère de la Santé de donner la priorité à l´humain, sa santé et son bien-être dans la prévention et la lutte contre les drogues. Le Système des Nations unies en Algérie est à votre entière disposition dans cette noble mission.
Merci et bon travail.
Seul le texte prononcé fait foi.