L'espoir dans l'enseignement supérieur
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Programme DAFI, financée par le HCR et disponible dans 54 pays, offre des bourses d'études supérieures pour les réfugiés et les rapatriés.
Shirin Rassoul 24 ans, vit en Algérie depuis 2007, lorsque sa famille a fui la guerre en Syrie.
Elle est bien plus que ce que l'on croit, elle est la preuve vivante que l'accès à l'enseignement supérieur peut construire un avenir radieux.
Lorsqu'elle a quitté son pays, à l'âge de 10 ans, elle a été contrainte d'abandonner ses études, car aller à l'école était très compliqué en Syrie. Mais sa résilience lui a permis de continuer. En Algérie, tous les réfugiés et demandeurs d'asile ont accès à l'enseignement public, gratuitement, et Sherine a poursuivi ses études jusqu'au baccalauréat. Mais la situation s'est complexifiée lorsqu'elle a voulu accéder à l'enseignement supérieur. "Payer les frais, le transport, c’était compliqué, la situation de mes parents était difficile", explique-t-elle.
"Je ne pouvais pas accéder aux bourses algériennes car je n'avais pas la nationalité, et comme j'avais un baccalauréat algérien, je ne pouvais pas non plus accéder à une bourse de Syrie. Heureusement que le HCR m'a contacté pour proposer ma candidature à une bourse, ce qui m'a vraiment aidé à terminer mes études."
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Grâce à une bourse DAFI, financée par le HCR et avec le soutien du gouvernement allemand, elle termine actuellement son master en Gestion de la qualité des produits et de la sécurité alimentaire, avec une spécialisation en biotechnologie, et se prépare pour l’examen d’accès au doctorat
Le programme DAFI reste le plus ancien et le plus important programme autonome de bourses d'études supérieures pour les réfugiés et les rapatriés, et sert actuellement des étudiants dans 54 pays. Grâce à l'octroi de bourses d'études, le programme DAFI aide les jeunes réfugiés à accéder à l'enseignement supérieur et à le terminer dans des universités et des écoles polytechniques, tout en garantissant le respect de leurs droits et de leurs besoins de protection. La bourse couvre une série de coûts, notamment les frais de scolarité et le matériel d'étude, la nourriture, le transport et le logement.
Le programme a débuté en Algérie en 2009 avec un nombre réduit d'étudiants et compte actuellement 265 jeunes réfugiés poursuivant leurs études supérieures grâce à une bourse DAFI, 136 (83 filles et 53 garçons) du Sahara occidental et 23 réfugiés urbains de la capitale, Alger (13 filles et 10 garçons).
"Il est important de faire des études qui nous permettent de réfléchir, d'avoir un travail et une vie différente de celle que nous avons eue". Elle rêve d'obtenir un doctorat et de retourner en Syrie pour ouvrir un laboratoire où elle pourra faire des recherches et des analyses médicales, une chose est sûre : elle a un bel avenir devant elle.
L'enseignement supérieur peut être un puissant moteur de changement, ouvrant la voie à l'inclusion et suscitant l'espoir d'un avenir radieux où les réfugiés pourront être les leaders d'un changement positif, tout comme Shirine.
Pour les étudiants réfugiés sahraouis qui étudient dans l'un des cinq camps de réfugiés, l'éducation est un espoir pour l'avenir. Malgré la grande valeur que la société sahraouie accorde à l'éducation, peu d'étudiants parviennent à l'université. Pour aller aussi loin, il faut surmonter des obstacles tels que des salles de classe surpeuplées, le manque d'enseignants qualifiés, la distance entre les maisons et les écoles, et la pénurie des manuels scolaires - sans compter qu'il faut aimer apprendre et faire preuve d'un grand dévouement.
Mohammed Fadel Abdallah, 23 ans, et Zeinabou Bullahi El Mahdjoub, 25 ans, sont deux réfugiés sahraouis qui étudient à l'université grâce aux bourses DAFI du HCR. Zeinabou est récemment diplômée et travaille actuellement.
Mohammed Fadel est en troisième année d'économie à l'université de Tindouf. Ils étudient à l'extérieur des camps depuis le moyen. La seule école secondaire dans les camps est une école à programme en langue espagnole.
La langue d'enseignement des matières scientifiques et techniques dans les universités algériennes est le français, alors que les langues parlées dans les camps et étudiées dans les écoles des camps sont l'arabe et l'espagnol. Pour Mohammed Fadel, ce défi était trop grand. Il a étudié le français à l'école secondaire, mais a décidé de changer sa spécialité universitaire pour l'économie, car elle était enseignée en arabe. Il est satisfait de son choix.
"J'aime étudier à Tindouf, car je suis proche de la maison, de ma famille et je peux économiser de l'argent sur le transport vers et depuis les camps." Mohammed Fadel est également le plus jeune d’une fratrie de cinq enfants, et le deuxième à fréquenter l'université. Pour lui, la famille est ce qu'il y a de plus précieux dans la vie, et la chose qui lui manque le plus lorsqu'il est absent pour étudier, est le couscous de sa mère.
Mohammed Fadel se considère comme chanceux. Le chômage étant la norme pour les jeunes, il a une chance de trouver un emploi après avoir obtenu son diplôme. "La plupart des jeunes abandonnent l'école et n'ont aucune chance de trouver un bon travail. Ils travaillent dans la construction et d'autres emplois physiques à temps partiel. Je veux avoir un bon impact sur la communauté, grâce à un travail intellectuel." Il ajoute : "L'ignorance est l'ennemi du peuple. Personne ne pense que l'ignorance est une bonne chose."
Lors de la récente réunion annuelle de DAFI en 2018 à Tindouf, Zeinabou était l'une des oratrices. Elle a fait rire l'auditoire lorsqu'elle a raconté ses propres difficultés pendant sa première année d'études Post secondaire, à Oran.
N'ayant jamais étudié le français auparavant, elle avait du mal à communiquer avec sa colocataire nigérienne, qui ne parlait pas arabe.
Elle raconte : "Un jour, après être revenue de la cafétéria du campus, elle m'a demandé ce qu'ils servaient ce jour-là. Je ne connaissais pas le mot en français. Je lui ai dit Djadj en arabe algérien, qu'elle n'a pas compris. Puis dyuk en dialecte sahraoui, également pas compris. J'ai essayé en espagnol : pollo, mais ce n'était pas non plus un mot qu'elle connaissait. Finalement, j'ai battu des bras comme un poulet, et tout était clair. Après ça, je n'ai jamais oublié le mot poulet. Ou même œufs , que j'ai décrit une fois comme un petit poulet."
Zeinabou travaille maintenant avec une organisation humanitaire sahraouie active dans les camps et utilise son expertise en télécommunication dans son travail. La maîtrise du français était une condition préalable à son poste de coordinatrice du département des catastrophes naturelles. Ses progrès en français ont donc clairement progressé depuis sa première année à Oran.
Le programme de bourses DAFI a été essentiel à la réussite scolaire de Zeinab et de Mohammed Fadel. Zeinabou a déclaré : "La première chose que j'ai faite lorsque j'ai reçu des fonds de DAFI a été d'acheter un ordinateur portable, sans lequel je ne sais pas comment j'aurais pu poursuivre mes études".
Il y a actuellement 142 étudiants qui reçoivent de telles bourses, le programme étant administré par l'Association Femmes Algériennes pour le Développement (AFAD), partenaire du HCR. L'importance de la bourse DAFI est résumée par Abdallah Leguemiri, associé au programme DAFI. "C'est une bougie d'espoir qui peut aider à mener à un grand chemin dans l'avenir des réfugiés".
La réussite de Zeinabou signifie qu'elle est un bon exemple pour ses quatre frères et sœurs cadets, ainsi que pour ses cousins. Sa plus jeune sœur étudie maintenant le génie civil dans un établissement secondaire. "C'est bien d'être un modèle pour mes frères et sœurs, afin qu'ils soient motivés à poursuivre leurs études", dit-elle.