Leadership citoyen pour un monde sans Sida - 2023
Les pays qui donnent la priorité à l'inclusivité et l'équité sont déjà en tête pour mettre fin au sida d'ici 2030.
Monsieur le Ministre de la Santé ; Madame/ Monsieur le (a) représentant (e) du Ministère des Affaires Etrangères ; Mesdames et Messieurs les membres du Comité National de Prévention et de lutte contre les IST/SIDA ; Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile et des médias ; Cher.e.s. s collègues du système des Nations Unies,
Honorable assistance,
Alors que nous nous rassemblons pour commémorer la Journée mondiale du sida, nous sommes à un moment crucial dans la lutte contre la pandémie. Il y a deux décennies, la situation semblait sombre, avec plus de 2,5 millions de personnes contractant le VIH chaque année et le sida faisant deux millions de victimes annuelles. Plusieurs régions du monde ont connu une inversion des gains en matière d'espérance de vie en raison de l'impact dévastateur du sida. Des traitements efficaces existaient, mais leurs coûts prohibitifs limitaient l'accès à une élite privilégiée.
Aujourd’hui, nous constatons un changement remarquable. Selon les données de l'ONUSIDA, 29,8 millions sur les 39 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde reçoivent désormais un traitement salvateur. En 2020, 2021 et 2022, 1,6 million de personnes supplémentaires ont reçu un traitement contre le VIH chaque année. Si cette trajectoire se maintient, l'objectif mondial d'avoir 35 millions de personnes sous traitement contre le VIH d'ici 2025 semble réalisable.
Une expansion significative de l'accès à la thérapie antirétrovirale a eu lieu et les progrès réalisés témoignent de l'efficacité des programmes de prévention et de traitement du VIH basés sur des données probantes et de l'engagement politique fort des pays. Les efforts de traitement et de prévention ont sauvé des millions de vies, évitant près de 20,8 millions de décès liés au sida au cours des trois dernières décennies. Dans l'ensemble, les décès liés au sida ont diminué de 69 % depuis le pic de 2004.
Les données mondiales pour 2022 indiquent que 71 % des personnes vivant avec le VIH (76 % des femmes et 67 % des hommes) n’avaient plus de charge virale. Cette suppression virale est cruciale, permettant aux personnes vivant avec le VIH de mener une vie saine et éliminant le risque de transmission du virus par voie sexuelle. Cependant, des défis persistent, notamment dans la réalisation de la suppression de la charge virale chez les enfants, qui n'est que de 46 %.
De manière encourageante, le nombre estimé de nouvelles infections par le VIH en 2022, à 1,3 million, est le plus bas depuis des décennies, avec des baisses significatives dans les régions les plus touchées par le VIH. Il est particulièrement remarquable de noter la réduction substantielle des nouvelles infections chez les enfants et les jeunes, grâce à des interventions ciblées.
Mesdames et Messieurs,
Tout en célébrant ces succès, il est essentiel de reconnaître que la lutte contre le sida est loin d'être terminée. Un nombre très important de personnes dans le monde fait toujours face à des risques disproportionnés d'infection par le VIH, et les inégalités de genre et autres entraves limitent leur accès à la protection. Il est donc crucial de remédier à ces disparités et de garantir l'accès aux outils de prévention.
Malgré les progrès réalisés, environ 23% des personnes atteintes par le VIH ne reçoivent pas de traitement et environ 7% des personnes sous traitement ne bénéficient pas encore d’une immunité virale et continuent d’être extrêmement vulnérables a tout type d’infection. Les progrès lents de la couverture médicamenteuse sont notables dans certaines régions, soulignant la nécessité de résoudre des problèmes tels que la stigmatisation et la discrimination au sein des établissements de santé.
Par ailleurs, sur le plan financier, les besoins de la réponse mondiale au VIH ne sont pas combles. Seuls 20,8 milliards de dollars américains sont disponibles sur les 29,3 milliards de dollars estimés nécessaires d'ici 2025. L'analyse de l'ONUSIDA montre que là où le financement de la prévention du VIH a augmenté, l'incidence du VIH a diminué, soulignant l'importance de ressources adéquates dans la lutte contre ce fléau.
Mesdames et messieurs,
Les succès réalisés soulignent l'importance de placer les personnes au premier plan, de confronter les inégalités, de défendre les droits de l'homme et de construire la confiance entre les autorités publiques et les communautés touchées. La suppression ou la non-application des lois ciblant les populations clés et les efforts pour mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination liées au VIH sont des priorités.
En réfléchissant aux progrès réalisés et aux défis qui subsistent, il est crucial de souligner que le chemin pour mettre fin au sida est clair. Un leadership politique fort, des ressources adéquates, des approches fondées sur des données probantes, l'inclusivité et l'équité sont les piliers des réponses réussies au VIH. Les pays qui donnent la priorité à ces principes sont déjà en tête pour mettre fin au sida d'ici 2030.
Par ailleurs, permettez-moi de rappeler l'engagement de l'ONUSIDA Algérie et tout le système des Nations unies en Algérie, à soutenir activement les initiatives significatives du Ministère de la Santé, inscrites dans le cadre du Plan National Stratégique IST/VIH/sida 2020-2024. Ce plan vise à intensifier et renforcer la réponse nationale face à l'évolution de l'épidémie, tout en soutenant le travail exceptionnel de la société civile. Le bilan déjà positif de ce Plan National atteste de la volonté tangible du Gouvernement Algérien de faire face à la pandémie de manière concrète, efficiente et durable.
Mesdames et Messieurs,
En conclusion, en cette Journée mondiale du sida, renouvelons notre engagement dans la lutte contre le VIH/sida. Les gains réalisés sont substantiels, mais le chemin est en cours. En abordant les défis restants, en soutenant les communautés touchées et en garantissant un engagement politique et un financement soutenu, nous pouvons concrétiser l’objectif de mettre fin au sida. Ensemble, nous pouvons construire un monde où personne ne vit dans l'ombre du VIH.
Avant de terminer, je vous prie de vous unir à moi pour rendre un hommage sincère à notre regretté collègue, M. Adel Zeddam, qui nous a quittés. En tant que directeur du bureau pays d'ONUSIDA, il a dirigé ses activités avec un professionnalisme exemplaire. Au-delà de son rôle officiel, M. Zeddam était un psychologue dévoué, toujours prêt à écouter et à apporter son soutien aux personnes vivant avec le sida, donnant ainsi voix à leurs préoccupations. Il était également un ami et un membre estimé du Système des Nations Unies en Algérie, un pilier de l'équipe pays, prodiguant généreusement son appui pour faire progresser l'Agenda du développement durable et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.
Je vous remercie