Santé menstruelle et endométriose : une priorité de santé publique et de justice sociale
À l’occasion de la Journée de l’hygiène menstruelle, l’UNFPA souligne l’urgence d’agir pour garantir aux femmes et filles une vie sans honte ni obstacles.
Monsieur le Directeur de la Population, Mesdames et Messieurs, les Directeurs et Directrices des Directions et Structures de Santé, Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile, Mesdames et Messieurs les représentants de la presse et des médias, Honorable assistance,

C’est avec un réel plaisir que je prends la parole aujourd’hui, aux côtés de Monsieur le Directeur de la Population, à l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle.
Inscrite cette année sous la thématique "Ensemble pour un monde respectueux des menstruations", cette journée est nous rappelle l’importance de considérer la santé menstruelle non pas comme un sujet périphérique, mais comme un enjeu transversal de santé publique, et de développement durable.
La santé menstruelle, telle que définie par l'UNFPA, englobe l’accès à une information exacte, à des produits sûrs et abordables, à des infrastructures sanitaires adéquates, et à un environnement exempt de stigmatisation et de discrimination. Elle est intrinsèquement liée aux droits à la santé sexuelle et reproductive, à l’éducation et à la participation pleine et effective des femmes et des filles dans la société.
Les données montrent que le manque d’accès à des services de gestion de l’hygiène menstruelle peut entraîner l’absentéisme scolaire, des infections, de l’isolement social, et un renforcement des inégalités dès le plus jeune âge.
Pour de nombreuses femmes et de filles, notamment celles en situation de vulnérabilité, le cycle menstruel peut être à l'origine de stigmatisation, de discrimination, de honte et de préjudice quant à leur dignité, particulièrement dans les contextes de crises (humanitaires, sanitaires, catastrophes naturelles…) où l’accès à l’information et aux protections hygiéniques s’avère non seulement difficile mais n’est pas également considéré comme une priorité.
Les études réalisées par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) indiquent que plus de 500 millions de femmes et de filles dans le monde n’ont pas accès à des produits menstruels sûrs, abordables et de qualité. Il est estimé qu’environ 1 fille sur 4 manque l’école pendant ses menstruations, souvent par absence de produits ou d’installations sanitaires adéquates. L’utilisation de matériaux inadéquats tels que des morceaux de tissu, de torchons ou de chaussettes, exposent à des infections urogénitales et à des risques accrus d’infertilité.
Parmi ces femmes et ces filles en âge de procréer, environ 190 millions souffrent d’endométriose, cette maladie chronique, sous-diagnostiquée, mal comprise et largement banalisée. Elle constitue une réalité invisible pour des millions de femmes et de filles car le retard de diagnostique peut aller jusqu’à 7 à 10 ans.
Ce décalage dramatique entre la prévalence de la maladie et sa reconnaissance médicale s’explique par le tabou persistant autour des menstruations et par la normalisation de la douleur menstruelle, qui empêche une prise en charge précoce et adaptée. Car très souvent, de nombreuses femmes et filles atteintes de cette maladie souffrent de douleurs menstruelles sévères dès l’adolescence, sans qu’elles soient écoutées, crues, ou orientées.
La douleur n’est malheureusement pas la seule conséquence. Selon les études menées par l’OMS et l’UNFPA, l’endométrioseest associée à des troubles de la fertilité dans 30 à 50 % des cas. Elle entraîne également un fort impact économique du fait de la perte de productivité, des arrêts de travail et des soins médicaux spécialisés. Sur le plan psychologique, elle est fortement associée à l’anxiété, à la dépression et à l’isolement social, en particulier chez les adolescentes.
Il s’agit donc clairement d’un enjeu de santé publique, de droits humains et d’égalité des chances. Car derrière les statistiques, ce sont des parcours de vie ralentis, des projets familiaux compromis, et une dignité souvent mise à l’épreuve.
L’agenda 2030 pour le développement durable nous rappelle qu’il n’y a « pas de développement possible sans égalité entre les sexes », et pas d’égalité réelle sans accès aux services de santé de qualité. La santé menstruelle et l’endométriose, comme toutes les questions liées à la santé sexuelle et reproductive, sont des indicateurs de justice sociale.
Mettre fin à la stigmatisation des menstruations, c’est défendre la dignité des femmes et des filles. Investir dans la santé menstruelle, c’est accélérer l’atteinte de l’Agenda 2030 : les Objectifs de Développement Durable liés à la santé (ODD 3), à l’égalité des sexes (ODD 5), à l’éducation (ODD 4) et à la réduction des inégalités (ODD 10).
Cette journée ne doit pas être un simple rituel commémoratif. C’est un appel fort à l’action, un moment de convergence pour faire entendre les voix trop longtemps ignorées des femmes et des filles confrontées à la précarité menstruelle, aux douleurs invisibles et à la stigmatisation.
En intégrant l’éducation menstruelle dans les programmes scolaires permettant ainsi aux jeunes filles de reconnaître les signes anormaux, de consulter tôt, et de vivre leur cycle en confiance, en former les professionnel·le·s de santé à la reconnaissance de l’endométriose, au diagnostic précoce, et à une prise en charge empathique et multidisciplinaire, en créant des espaces sûrs dans les écoles, les lieux de travail et les établissements de santé, où les menstruations, y compris les douleurs chroniques, peuvent être prises en compte avec dignité et en améliorant l’accès aux protections hygiéniques et par là même, l’hygiène menstruelle, nous pourrons assurer une sensibilisation plus ciblée, une prévention et une prise en charge effective et digne. Mais c’est surtout et avant tout, en écoutant les femmes et les filles que nous pourrons faire de la santé menstruelle un levier de transformation sociale et de justice reproductive et atteindre ces objectifs.
L’opportunité m’ai donné aujourd’hui de saluer les efforts déjà entrepris au niveau national, pour faire connaitre l’endométriose au large publique à travers une couverture médiatique appréciée. Je salue également le travail des associations sur le terrain afin que cette pathologie soit reconnue et que le tabou et la stigmatisation sociale soit levé. Mais beaucoup reste à faire.
L’UNFPA réaffirme son engagement aux côtés du gouvernement Algérien, des partenaires institutionnels, de la société civile, du secteur privé pour mettre en œuvre de programmes holistiques, basés sur des données probantes et centrés sur les besoins des adolescentes et des femmes en services essentiels, lutter contre la désinformation élaborée autour du cycle menstruel, réduire les risques sur la santé des femmes et des filles, pour que chaque douleur soit prise au sérieux, chaque cycle soit vécu dignement, et que chaque femme et chaque fille ait pleinement accès aux services de santé reproductive, sans peur, sans honte, avec dignité, le respect et en sécurité.
Je vous remercie pour votre engagement et pour votre attention.

Discours de
